ARCADIA
le verger d’agrumes des Bas-Brusquets
(Vallauris, 06, France)
1/ CONDITIONS ECOLOGIQUES :
Le verger est situé à flanc de colline, à cinq ou six km de la mer Méditerranée ; il est exposé au sud-est.
Il occupe une succession de terrasses d’une superficie totale d’environ 4000 m2.
Le climat est doux, avec en hiver normal des gelées faibles ou nulles.
Les vents dominants sont Est-Ouest, ou plus rarement Ouest-Est, généralement de faible intensité. Mais depuis quelques années, on observe une évolution : les jours de vent sont plus nombreux, avec parfois des journées de vents très violents.
Le verger est protégé des vents du Nord par une colline. Les vents en provenance du Sud (de la Méditerranée) sont exceptionnels.
Les précipitations annuelles ont varié ces dernières années entre 360 mm1 en 2007 et 1380 mm en 2014. Les deux ou trois mois les plus chauds de l’année, en été, sont souvent sans la moindre goutte de pluie.
Les sols sont lourds, argileux, plutôt calcaires, de pH 8.
2/ ORIGINE :
Comme beaucoup d’autres terrains agricoles de Vallauris, c’était un verger de bigaradiers (alias orangers amers), cultivés principalement pour la fleur, utilisée pour produire l’eau de fleur d’oranger et l’essence de Néroli. Par ailleurs :
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Les fruits mûrs étaient utilisés pour la production de la confiture d’oranges amères.
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Les fruits verts permettaient d’obtenir une essence utilisée par exemple dans la recette du Quinquina.
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Les feuilles, séchées, étaient vendues pour les tisanes
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Les produits de tailles (rameaux, feuilles), distillés, fournissaient une autre essence appelée petit-grain
L’exploitation, déjà en perte de vitesse dans la première moitié du 20ème siècle, comme toutes les exploitations de ce type, du fait de la concurrence étrangère, a de plus souffert des conditions climatiques très défavorables de 1956 (vague de froid « historique » sur toute l’Europe, en février, qui a duré près d’un mois et a détruit beaucoup d’arbres). A l’abandon à partir de 1978, envahi de broussailles, il a été nettoyé et les arbres, morts sous les ronces, ont été arrachés en 1985, après un nouvel hiver rigoureux.
L’actuel verger a été créé en deux phases par M. Joseph Castellino, à l’époque propriétaire du terrain :
Phase 1 :
En 1986 (après les grands froids de février), environ 40 arbres ont été plantés sur les trois planches supérieures. Les arbres ont été achetés à la coopérative agricole de Vallauris (Nerolium).
Espèces : mandariniers, orangers, limettiers, citronniers, pomelos, kumquats.
Phase 2 :
Début août 1988, plantation d’environ 220 arbres, en partenariat avec la Station de Recherches Agronomiques de l’INRA de San Giuliano, en Corse, qui s’est chargée de la fourniture des arbres.
Espèces : clémentiniers, mandariniers, orangers, limettiers, citronniers, tangelos, pomelos, kumquats, tangors.
Il s’agissait d’un verger pilote d’agrumes de variétés commerciales, destiné à étudier :
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l’étalement des récoltes
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le comportement de différents porte-greffes (résistance au sol calcaire, résistance au froid, résistance aux maladies)
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l’aspect décoratif (pour l’agencement de jardins méditerranéens)
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l’effet de la densité des arbres (moyenne 820 arbres/ha)
Cette étude avait pour but de se donner des outils pour maintenir des activités traditionnelles agricoles et touristiques sur la bande littorale des Alpes-Maritimes.
3/ MODE DE CULTURE
– travail du sol
le terrain occupé par les arbres ne reçoit pas d’autres cultures ; des tentatives (en particulier semis d’un engrais vert, la phacélie) n’ont pas donné de bons résultats, probablement du fait de la densité trop importante des arbres ; tontes des herbes en cours d’année, selon les besoins et seulement en cas de besoin (sous les arbres, essentiellement avant la taille et avant la récolte). L’herbe coupée est laissée sur place. Le sol n’est plus retourné depuis le début de l’utilisation du BRF (voir article spécifique sur le BRF).
– fertilisation :
* jusqu’en 2005 : fumier de mouton broyé (migon) et engrais organo-minéral de type NPK 6-8-12 de la sté Passeron
* En 2006 : migon et engrais organique Duetto de type NPK 5-5-8, de la Sté Italpollina, utilisable en agriculture biologique.
* En 2007 : engrais organique Dix de type NPK 10-3-3, de la Sté Italpollina, utilisable en agriculture biologique, et Duetto.
* En 2008 : On ne trouve plus de Dix dans le commerce ; remplacement du Dix par du Phénix, hors de prix, en association avec le Duetto. Début de l’utilisation du BRF.
* Depuis 2009 : utilisation presque exclusive de BRF (parfois complété par les restes des stocks de Dix ou Duetto).
* Depuis 2015 : épandage de fumier de cheval composté en complément au BRF.
4/ ARROSAGE
En l’absence de précipitations, pendant les mois d’été :
– jusqu’en 2004 : arrosage hebdomadaire manuel, au moyen d’un tuyau flexible déplacé d’arbre en arbre ; quantité indicative : 100 à 300 litres par arbre. Temps de main d’œuvre de l’opération : 3 jours complets par semaine.
– depuis le 15 juin 2005, utilisation d’une installation d’arrosage par goutteurs, qui permet une importante économie de main d’œuvre et d’eau ; la plupart des arbres sont équipés de 2 goutteurs 4 l/h ; objectif : 100 litres/semaine, en général (le nombre et le débit des goutteurs – 2, 4, et 8l/h – permettent de moduler la quantité distribuée en fonction de la taille des arbres).
5/ TAILLE DES ARBRES
Annuelle, fin février à avril (voir article spécifique « La taille des agrumes »).
6/ TRAITEMENTS
Aucun traitement.
On observe quelques ravageurs, dont le nombre s’équilibre naturellement (Voir les articles « Les indésirables au verger » et « Manger et être mangé »). A noter cependant :
– la présence générale de la mineuse ; elle apparaît en été et s’attaque aux feuilles de toutes les nouvelles pousses. Elle ne s’attaque pratiquement pas aux fruits, l’impact sur la production n’est pas connu mais semble peu important.
– des pertes, plus ou moins importantes d’une année à l’autre, de production de clémentines en début de période de production, soit courant novembre, à cause de la pourriture (verte/bleue), due principalement à la mouche de l’agrume (ceratitis capitata) dont la piqûre constitue un passage pour l’entrée de micro-organismes qui provoquent le pourrissement, lequel se transmet ensuite aux fruits voisins. Quand la température descend en-dessous de 14°C, la mouche disparaît.
Pour lutter contre la mouche, mise en place en 2004, dans quelques arbres, de pièges à glu distribués par Adolive, type « Med Fly Stick Bio » avec attractif (phéromone), contre la mouche des fruits, utilisables en agriculture biologique. L’efficacité en a semblé assez limitée.
En 2005, essai de phéromones spécifiques de la ceratitis, vendues par «Magellan», mises en place dans des pièges à glu de fabrication maison. Meilleure efficacité et sélectivité : la plupart des mouches attrapées sont des cératites. Modèle repris chaque année depuis, également commercialisé par Biotop depuis (au moins) 2010.
En 2016 et 2017, utilisation de pièges Décis Trap, de Bayer, qui semblent nettement plus efficaces que les précédents.
En 2018 et 2019, utilisation de pièges SEDQ. L’efficacité semble moyenne.
En 2019, essai de pièges à phosphate diammonique. A priori utilisé contre la mouche de l’olive (ce qui nous intéresse aussi), on dit que le phosphate diammonique serait efficace aussi contre la cératite. Pour le moment, aucune preuve d’efficacité dans aucun de ces deux cas.
5/ DIVERS
Exploitant et adresse :
Bernard Cuerq
449 chemin des Bas-Brusquets à Vallauris
e-mail arcadia@cuerq.net
SIRET 484 472 220 00017
Certifié Agriculture Biologique depuis début 2013.
Mise à jour 04/10/2020