– Attaque de pucerons

Attaque de pucerons

Je m’occupe depuis plus de quinze ans d’un verger d’agrumes bio, et je crois bien que jamais je n’y avais vu, avant le 2 mai 2018, de pucerons sur les arbres. Des pucerons, on en voit, en grandes quantités, de couleurs diverses donc probablement de variétés diverses, sur d’autres plantes du verger, blettes sauvages1 en particulier. Au début des années 2000, sur deux ou trois ans, une personne de l’INRA, qui faisait une étude sur les pucerons des agrumes, sachant que nous ne traitions pas, venait de temps en temps au verger. Il en faisait le tour, puis venait nous voir, et nous donnait immanquablement la même information : « Vous avez eu des attaques de pucerons à tel et tel endroit, mais je n’en ai pas vu, les coccinelles sont arrivées avant moi. »


1Ici on les appelle (ainsi que d’autres plantes comestibles qui « poussent  toutes seules ») le « légume du fainéant ».
Si on les laisse vivre et se reproduire, chaque année elles repoussent toutes seules en quantités considérables, et sont très bonnes.

 

Le 2 mai 2018, je constate une attaque de pucerons sur un oranger. C’est un Sucrena, numéro 105 pour les intimes. Planté en 2005, il n’est pas bien grand, moins de deux mètres. Mais il est en bonne forme, et produit quelques kilos d’oranges, les bonnes années.

Quelques feuilles sont  recroquevillées, enroulées sur elles-mêmes. Un certain nombre d’autres, d’aspect extérieur normal, sont recouvertes, en partie inférieure, d’un grouillant tapis de pucerons de toutes tailles. Les petits sont vert clair, les plus gros beaucoup plus sombres.

Des fourmis s’y affairent.

Le 3 mai, des coccinelles jaunes s’affairent pour préparer la contre-attaque.

Le 5 mai, on constate que d’autres visiteurs ont été attirés par le festin : une momie est visible, preuve du passage d’une guêpe parasitoïde (peut-être Aphidius colemani).

Le 8 mai, les momies sont un peu plus nombreuses. Et des larves de coccinelles de première génération sont au travail.

 

Larve de syrphe

Le 9 mai, présence d’une larve de syrphe (photo ci-dessus), preuve que la réputation du restaurant grandit et se propage.

Le 10 mai, une coccinelle noire fait un état des lieux. Sur certaines feuilles, la guerre est finie. Pas de pucerons survivants. Restent des poussières noires, et de nombreuses momies. Sur d’autres feuilles, les larves de coccinelles sont toujours en action, et les adultes toujours sur place à préparer la relève…

Le 12 mai, les larves de coccinelles sont encore nombreuses sur le chantier.

Le 13 mai, visite discrète d’un chrysope, difficile à distinguer sur une feuille… Un peu tard. Il n’y a plus grand chose à se mettre sous la dent. Les naguère verdoyants champs de pucerons ne sont plus, pour la plupart, que des cimetières.

Chrysope

Le 30 mai, une larve de coccinelle de seconde génération parcourt encore les feuilles de l’arbre. Mais les seules traces de l’attaque des pucerons sont quelques feuilles tordues, enroulées sur elles-mêmes, et des restes de poussières noires sous les feuilles attaquées, déjà en partie balayées par le vent et la pluie.

Le 31 mai, des fourmis sur une feuille se disputent le corps d’une larve de coccinelle de quatrième génération (peut-être morte de faim ?).

Vallauris, le 11 juin 2018